Tapis & Kilims Berbères

par Tapis Amazigh

par Tapis Amazigh

A la différence des tapis d’orient qui sont le plus souvent réalisés à partir de modèles préétablis, la tisserande berbère fait preuve de beaucoup d’improvisation, de créativité et de fantaisie dans sa représentation de signes et des motifs symboliques ainsi que dans son choix de couleurs chaleureuses que sa mère ou une personne proche de la tribu lui ont appris à maitriser durant sa jeunesse. Ces couleurs chatoyantes et les formes géométriques des motifs représentés donnent une personnalité évidente aux tapis berbères qui s’intègrent avec bonheur dans la plupart des styles de décoration à l’intérieur desquels ils se fondent tout en mettant en valeur les différents éléments qui les entourent.

L’Art du Tissage Berbère

Chez les berbères du Maroc, le tissage des tapis est pratiqué uniquement par les femmes dont la plupart ont montré une prédisposition depuis leur enfance. Une fois qu’elles maitrisent les différentes techniques de tissage et de teinture et qu’elles ont assimilés les signes et les motifs symboliques propres à leur tribu, elles vont être de plus en plus capables d’improviser en exprimant leur sensibilité et leur imagination. A chaque fois qu’elle se retrouve chez elle devant son métier à tisser, la tisserande se laisse aller suivant son inspiration du moment. Son côté créatif va être spontané et la part d’improvisation qu’elle va manifester fait penser à la chanteuse ou un pianiste de Jazz qui eux aussi vont improviser autour d’un thème en changeant spontanément les gammes, les accords et les rythmes pendant leur chorus. La tisserande va elle, changer les motifs, les couleurs et les rythmes durant toute la réalisation de son tapis et lorsque celui-ci sera terminé et réussi, nous aurons alors une œuvre d’art qui déclenche en nous une véritable émotion comme celle que nous avons pu ressentir devant un tableau ou lors d’un concert. Lorsque le tapis est réussi, il aura sa place aussi bien en étant accroché au mur comme tableau que présenté au sol dans une entrée, une chambre ou une salle de séjour.

Noueuse de tapis berbère de Zemmour, Moyen-Atlas, 1955, collection Wereld Museum Amsterdam

Les Tapis Berbères et leur Symbolisme

En plus des spécificités régionales et tribales dont nous avons tenu compte pour répartir notre collection en trois régions : le Moyen Atlas, le Haut Atlas et le Haouz de Marrakech, les Tapis berbères peuvent être classés également en trois catégories principales : les tapis à points noués, les tapis tissés qui correspondent à des kilims et que l’on appelle des « Hanbels » au Maroc et les tapis sur lesquels plusieurs techniques de tissage sont combinés sur une même pièce : parties tissées, parties nouées et parties brodées comme pour les tapis Glaoua du Haut Atlas.

Par ailleurs, les motifs symboliques que l’on retrouve le plus souvent sur les tapis berbères des différentes tribus sont : les losanges, les triangles, les carrés, les rectangles, les chevrons, les étoiles, les croix, les x, les lignes brisées, les zig-zags, les personnages et les animaux stylisés. La forme géométrique de ces motifs a été une source d’inspiration majeure pour de nombreux artistes célèbres du XXe siècle dont Le Corbusier qui disait couramment à ses élèves : « Faire comme les Berbères : allier à la géométrie la plus notoire fantaisie ». Si la véritable signification des signes et des motifs symboliques berbères est un sujet très vaste dans lequel différentes interprétations sont possibles, nous savons en tous cas qu’ils ont des liens étroits avec l’art rupestre, les tatouages et l’écriture berbère « Tifinagh » et que leur origine remonte à des époques très anciennes : période Phénicienne, Néolithique, voire Paléolithique Supérieur.

Les Tapis Berbères reconnus

par l’Art International

par l’Art International

Les tapis et les tissages berbères dont l’origine remonte à plusieurs millénaires ont été une source d’inspiration pour un certain nombre d’artistes et de peintres européens du Moyen Âge et de la Renaissance. Ils figurent dans différents tableaux de peintres renommés tels que Giotto, Jan Van Eyck, Memling et Jan Vermeyen et de l’époque Flamande.

Au début du XXe siècle, après une période de relatif oubli, des peintres comme Delacroix, Matisse et Nicolas de Stael vont séjourner au Maroc où ils seront très inspirés et marqués par les couleurs vibrantes et les formes géométriques de l’Art Berbère. Il en est de même pour d’autres grands artistes européens comme Paul Klee, Kandinsky et Le Corbusier qui se sont particulièrement intéressés aux tissages et aux tapis berbères, redécouvrant l’Art Berbère en général avec ses couleurs et ses formes géométriques dont ils vont beaucoup s’inspirer dans leurs œuvres et dans leurs travaux. Ces derniers vont d’ailleurs régulièrement parler, enseigner et écrire sur l’Art Berbère.

On peut dire qu’après avoir été oubliés et ignorés pendant une période assez longue, la Culture et l’Art Berbère sont désormais largement réhabilités dans les musées et dans de nombreuses expositions et reconnus par les critiques et les grandes personnalités de l’Art International. De plus l’hommage rendu par le Musée du Quai Branly à Paris à l’Art et à la Culture Berbère, en particulier aux tissages et aux tapis berbères, a été perçu au Maroc comme une véritable reconnaissance et un encouragement pour toutes les tisserandes du pays.

Paul Klee, Flora on sand, 1927

Eugène Delacroix, Cavaliers arabes, notes manuscrites

Vassily Kandinsky, Étude pour la composition VII